Recueil de vie

Ma Zuzu,

Aujourd’hui, j’avais besoin de t’écrire, comme souvent d’ailleurs… Mon regard se perd sur les photos de toi dans ma chambre, un sourire par là, un autre là bas et puis cette photo de toi et moi déguisées en indiennes, joues contre joues, ton bras autour de mon cou et du soleil au coin des yeux. Tant d’amour entre toi et moi, capturé en une image. Mon coeur se serre à chaque fois.

Un an sans toi!
Déjà? Seulement? J’avoue que je n’ai plus aucune notion du temps depuis ton accident. Plus aucun souvenirs des mois qui ont suivis, juste ces trois mots qui me hanteront à vie: « C’est fini, Julie ». Pas une seule seconde, j’ai imaginé que tu allais perdre la vie. J’y ai cru jusqu’au bout. « Pas ma Zuzu, par pitié ». Combien de fois j’ai prié pour t’épargner?! J’en veux au monde entier de ne pas m’avoir écouté.

Un an que tu t’es envolée. Un an que j’ai le coeur brisé. Un an que je traverse ce cimetière pour me poser devant ton sourire figé. J’ai beau pleurer, ton nom reste gravé et j’arrive toujours pas à l’accepter. Il reste trop de « pourquois », trop de colère, trop de tristesse, trop de douleur.

Une année entière sans toi à mes cotés, comme si j’avais besoin d’une date pour me le rappeler, alors que tu m’as manqué chaque put*** de journée! Les souvenirs du 2 mars, moi j’aurais préféré les oublier, ils me font trop de mal rien que d’y penser…

Un an que je n’arrive plus à avancer car te perdre est, de loin, la chose la plus dure que j’ai dû affronter. J’ai parfois besoin d’écrire les mots noir sur blanc pour me convaincre que c’est bien la réalité. On dit que les mots apaisent les maux mais faut-il encore les trouver. Comment peut-il y avoir si peu de mots pour décrire une douleur aussi immense ?? Depuis que tu es partie, moi j’ai la sensation que quelqu’un s’est assis sur ma poitrine et qu’il écrase mon coeur entre ses mains. Je ne respire plus comme avant. J’ai la gorge nouée, le coeur serré. Les larmes n’ont jamais autant coulé, tellement tu as compté. Tant de souffrance et si peu de place pour l’exprimer. Trop de silences alors que ta mort fait encore tellement de bruits dans mes pensées…

J’imagine que tu le sais déjà mais j’ai passé mes 25 ans dans un pays que tu aimais tant, entourée de personnes que tu prenais tant de plaisir à aimer. C’était si dur. Parfois tu étais tellement présente que je t’imaginais assise avec nous, je cherchais ton regard pour rire des mêmes choses, j’attendais tes réflexions, tes bêtises, je pouvais presque voir ton sourire. Tu m’as manqué si fort… J’aurais tellement aimé te voir gravir le Toubkal, te voir t’émerveiller devant la beauté de ce paysage tout là-haut. J’aurais aimé voir la fierté sur ton visage en franchissant les derniers mètres, j’aurais aimé pouvoir te prendre dans mes bras et te chuchoter à l’oreille
« On l’a fait Zuzu ». Je peux te dire qu’on t’a portée jusque tout là haut ou peut être que c’était l’inverse… Dans tous les cas, tu étais parmi nous et on était déterminés à se dépasser pour toi. A chaque pas ton collier qui frappait ma poitrine comme le symbole de ton coeur qui bat, qui vit en moi pour toujours! Te voila maintenant au sommet de l’Afrique du nord, le plus haut sommet que j’ai gravi dans ma vie !! Merci. Continue de me faire prendre des chemins auxquels je n’aurais jamais osé penser, continue de me pousser comme tu l’as toujours fait !

Bisous ma Zuzu, je t’aime.

Julie

La vie est un combat
Tu vis et tu te bats
Elle ordonne et prévoit
Tu donnes et tu reçois

Un adieu qui était censé être un au revoir
Brutalement une vie s’est interrompue
La faucheuse a revêti son manteau noir
Comme si la vie avait été corrompue

Cette bataille était inégale
La foi n’a jamais sonné aussi fort
Il arrive que le sort soit trop brutal
Le destin a ses raisons que la justice ignore

Tu vivais parmi les anges
Puis les démons s’invitèrent
Tant d’espoir qu’il y a eu hier
De toi nous sommes si fiers

Auprès de nos aînés,
Tu t’en es allée,
Là où les fleurs ne meurent plus
Là où les cœurs ne pleurent plus

Aujourd’hui,
Nous vivons au ralenti
Tout a un arrière goût amer
Le ciel est teinté de gris
Le droit chemin paraît de travers

La vie semble immobilisée, paralysée
Le monde a cessé ses rotations
Les aiguilles ont arrêté de tourner
Les ondes n’oscillent plus de la même façon

Demain,
Le soleil réchauffera nos cœurs arides
Un papillon battra de l’aile dans les sous bois
Et sur un morceau de terre humide
Un bouton d’or fleurira.

Coline & Antoine