Tout naturellement, nous avons décidé de financer la construction et l’équipement d’une nouvelle maternité au sein d’un CSPS, à Koudougou, au Burkina-Faso, où nous avons tant de belles amitiés et où Justine laisse une trace éternelle.

Un contexte géopolitique instable
Le Burkina Faso est un pays du Sahel à faible revenu et aux ressources naturelles limitées.
Le rapport 2021-2022 de l’IDH du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le classe 184e sur 191 pays, et en fait l’un des 10 pays au monde avec le développement humain le plus faible avec 40% de sa population totale vivant sous le seuil national de pauvreté.
Selon les estimations de l’INSD du Burkina, la population burkinabè majoritairement féminine, jeune et rurale, compte plus de 22 millions d’habitants en décembre 2022, et devrait attendre 31 millions d’habitants d’ici 2035, dont plus de la moitié aura moins de 25 ans.
Dans ce contexte, les femmes sont plus touchées par le phénomène de la pauvreté que les hommes, et subissent de surcroît, des discriminations du fait de leur sexe, de leur état matrimonial, de la taille de leur ménage, de leur niveau d’instruction ou encore de leur milieu de résidence. Les zones rurales demeurent globalement défavorisées en matière de bien-être et d’accès aux soins de santé.

Depuis 2015, le Burkina Faso est la cible d’attaques terroristes et vit au rythme d’une crise sécuritaire qui perdure et plonge les populations dans une grande détresse, particulièrement dans le nord du pays et dans les zones frontalières. En décembre 2023, selon les données officielles, le pays a recensé plus de 2 millions de personnes déplacées internes.
Ces déplacements de population ont considérablement accru les besoins humanitaires, de sorte que les communautés – hôtes comme déplacées – ont désormais besoin de tout, alors qu’elles sont privées de l’essentiel : les soins de santé.
Le secteur de la santé impacté
Le secteur de la santé a été fortement impacté depuis le début de la crise, avec 413 établissements de santé affectés en décembre 2023 (20%), fermés ou fonctionnant au minima, limitant ainsi l’accès aux soins à environ 3,8 millions de personnes et mettant un peu plus la pression sur le système de santé dans le reste du pays.
Toute comparaison faite, et même si des progrès ont été mesurés ces dernières années, le secteur de la santé est l’un des domaines dans lesquels l’on observe le plus grand écart avec la Belgique. Cet écart est particulièrement frappant au regard des taux de mortalité infantile et maternelle au Burkina-Faso.
Selon les derniers chiffres publiés par l’OMS, pour 1000 naissances vivantes sur l’année 2021 :
- le taux de mortalité néonatale a atteint 25,25/1000 au Burkina contre 2,43/1000 en Belgique,
- le taux de mortalité infantile (entre la naissance et l’âge de 1 an) a atteint 51,77/1000 au Burkina contre 3,38/1000 en Belgique,
- le taux de mortalité avant l’âge de 5 ans a atteint 82,61/1000 au Burkina contre 4,10/1000 en Belgique.
Sur la même année 2021, le Ministère de la santé du Burkina Faso recense 1266 décès maternels pour cause de complications lors d’un accouchement réalisé dans une formation sanitaire, alors que dans la localité de Koudougou, 1 femme sur 5 ne s’est pas rendue dans un centre de santé pour accoucher en 2021.
De multiples facteurs expliquent ces chiffres : manque d’infrastructures, insuffisance d’équipements, manque de personnel soignant qualifié (entre autres, 1 médecin pour 13000 habitants), sans compter les obstacles financiers, géographiques ou culturels qui empêchent bien souvent les femmes de se rendre dans un centre de santé à temps, à défaut de moyens, par manque d’éducation, ou en raison des distances trop importantes à parcourir.
La population, qui vit à 75% dans les zones rurales et des revenus de l’agriculture, se tourne alors le plus souvent vers la médecine traditionnelle, malgré la gratuité des soins de santé pour les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans imposée par l’Etat.
La santé est, et doit rester, une préoccupation majeure dans ce pays dont la population est fragilisée et exposée à des conditions de vie dégradées par des réalités sociales, économiques, sanitaires, sécuritaires, climatiques et environnementales bouleversées.
Faciliter l’accès au premier niveau de soins de santé
Le système sanitaire du Burkina-Faso s’organise autour de trois niveaux
- Le premier dispose de deux échelons avec d’un côté des Centres de santé et de promotion sociale (CSPS) et d’un autre coté des Centres médicaux (CM), éventuellement dotés d’une antenne chirurgicale (CMA).
- Le second niveau est constitué par des Centres Hospitaliers Régionaux (CHR) – il en existe 9 dans le pays.
- Le troisième est constitué des Centres Hospitaliers Universitaires (CHU) – il n’en existe que 4 dans le pays.
Les CSPS et les CM offrent les soins de santé de base et le paquet minimum d’activités promotionnelles, préventives, curatives et ré-adaptatives. Tandis que les CMA s’occupent des soins de référence et d’urgences, avec les CHR et les CHU vers lesquels il est référé le cas échéant.
Ces structures sont majoritairement publiques, mais le système de santé burkinabè compte également des établissements de soins, hospitaliers ou non, financés et gérés par le secteur privé.
Conformément aux règlementations et directives prises par le Ministère de la santé du Burkina-Faso, les structures sanitaires publiques ou privées doivent répondre à un certain nombre d’exigences assurant la qualité et la sécurité de la prise en charge des patients.
Plus spécifiquement, les CSPS doivent pouvoir couvrir les besoins sanitaires essentiels et offrir des services de santé de base à la population, et pour ce faire, doivent obligatoirement disposer de plusieurs espaces dédiés à des fonctions différentes, et notamment une pharmacie, une maternité, un dispensaire, un espace de stockage, ou encore de sanitaires.
En finançant la construction, l’équipement et la mise en fonctionnement d’une maternité au sein d’un CSPS privé, nous souhaitons ainsi contribuer à améliorer l’accès aux soins de santé, de base mais de qualité, pour les populations les plus vulnérables et à réduire la mortalité maternelle et infantile par la prise en charge des femmes enceintes et des enfants de moins de 5 ans, tout en effectuant un travail de promotion sociale (sensibilisation, prévention, campagne de vaccination, planification familiale) au bénéfice des populations environnantes.
La maternité
CSPS : (Latitude 12,25606° ou 12° 15′ 22″ nord – Longitude -2,3137° ou 2° 18′ 49″ ouest)
